4h17 le jour n’est pas encore levé, mais il arrive à grand pas. Des courants d’air, plus que des bourrasques, passent ça et là, délivrant un peu de fraicheur aux rares personnes debout. Dix mètres plus bas, l’autoroute déverse son flot de phares rouge. Le ronronnement du flux fait partie du paysage ici, tout comme les enseignes lumineuses, les yeux nébuleux et les rideaux qui ferment les cabines des camions. Les lampes qui éclairent la station bourdonnent et grésillent avec force dans ce demi-silence.
Pause cigarette, pause café. Il voit les conducteurs à travers les vitrines qui cherchent ce qu’ils auraient pu oublier dans la boutique. Un expresso dans une machine automatique, un paquet de chips, de la lecture. Les enfants dorment encore dans les voitures fraichement remplies de carburant. D’ici quelques heures la chaleur sera insupportable. Mais pour l’heure, tous ne sont pas encore éveillés réellement. L’asphalte étouffe les pas. Les sons se perdent au loin. Nous sommes loin des villes, au milieu de nul part en direction de n’importe où. Encore quelque minute pour s’imprégner de cette ambiance un peu humide de rosée, puis, reprendre la route.
J’ai toujours voulu un roman commençant et se finissant par la même heure. Ça me semble d’une intégrité parfaite.
Cet extrait ferait un appâtant départ.