William Faulkner – Le Bruit Et La Fureur
La littérature américaine classique, ça me botte, mais Faulkner il m’a énervé. Il m’a vexé surtout. Parce qu’il m’a obligé à lire la préface. Sinon j’aurais arrêté de lire je crois. J’aime pas lire les préfaces, neuf fois sur dix on vous explique que si tel personnage meurt à la fin du livre c’est en rapport avec tel évènement de la vie de l’auteur ou pour tel symbolisme, bref on vous spoil tout le bouquin alors que vous n’avez pas encore commencé à lire. Et pour le coups là j’avais pas le choix, parce que je ne comprenais rien à ce que je lisais. Faulkner a trouvé le moyen de se foutre de mon intelligence. Il faut dire qu’il y va fort. Ce bouquin est un puzzle camouflé en épreuve de lecture.
Pour commencer le livre se déroule sur trois jours de l’histoire présente et un jour du passé. Ces quatre jours sont racontés dans le désordre en quatre parties distinctes sans chapitre. Ces quatre parties sont de longueur et de difficulté décroissante comme si l’auteur cherchait à faire le grand ménage dans son lectorat entre ceux qui sont assez forts pour avancer et ceux qui renoncent.
La première partie est narrée par un autiste incapable de parler, ce qui veut dire que vous lisez une suite de sensations, de vision, de sons entrecoupées par ci par là d’autres sensations, visions ou sons qui sont des souvenirs signalés, mais pas toujours, par un passage à l’italique, et parfois le code s’inverse quand les souvenirs se mélangent au présent dans la tête de l’idiot que l’on suit, les seuls dialogues sont donc ceux des autres personnages attrapés par hasard par bribes en sachant qu’on vous balance une quinzaine de personnages non identifiés repartis sur trois générations et que pour couronner le tout, notre protagoniste change de prénom entre les deux époques. Pour être clair, on ne pige pas grand chose de ce qu’on lit. On comprend ou croit comprendre des choses au fur et à mesure que l’on se noie dans ces flots de mot qui sont un mixe d’ambiances et d’indices. J’ai trouvé ça très frustrant et c’est à la moitié de cette partie que j’ai cédé pour lire la préface qui m’a éclairci les idées, non sans me pourrir une facette de l’histoire se déroulant dans la deuxième partie.
La deuxième partie est racontée par un personnage qui s’appelle Quentin en sachant qu’il y en a deux dans le livre dont une fille, de même qu’il y a deux Jason et qu’on ne se donne jamais la peine de vous aider à savoir duquel on parle. À vous de faire les déductions nécessaires pour savoir qui et quand puisque l’aventure que raconte ce personnage est sans cesse parasitée par ses pensées, toujours en italique, qui hachent littéralement le récit vous obligeant à remonter sans cesse dans ce que vous lisez pour assembler le tout. Ajoutez des moments où il part carrément en live et vous vous retrouvez avec des pleines pages de mots répétés, saccadés, sans ponctuation, et vous comprendrez que ce n’est pas forcément beaucoup mieux que la première partie. Ça demande des efforts mais on y arrive.
La troisième partie est plus simple, presque trop facile, elle est racontée à la première personne par un des Jason, un enfoiré. L’italique a disparu et tout coule comme du beurre. On le suit et on s’insinue dans son mode de pensé et ses sentiments.
La quatrième partie quant à elle n’est plus que de la classique description à la troisième personne, sans surprise et c’est dans celle-ci que l’on a pour la première fois une description physique des personnages qui vient corriger celle que l’on s’était créée par touches successives au fil de la lecture.
Le livre laisse une impression bizarre. L’histoire est difficile à expliquer pourtant vous savez tout. Vous avez été présent avec tous les personnages et en réalité le fait de devoir mériter ce livre lui donne une dimension particulière. Plus on avance, plus la lecture est facile, plus on accélère, plus les pièces s’assemblent. C’est une expérience à essayer.
J’aime toujours la littérature américaine, je peux maintenant y ajouter Faulkner.
Je vais regarder s’il est à la bibliothèque, le côté défi lecture me plaît bien ! Dans le genre tu peux lire La maison des feuilles car en plus d’être déconstruit, il est physiquement écrit à l’endroit à l’envers, une page sur deux etc. J’en avais parlé sur mon blog.