En 1997, j’épuisais mes doigts graciles sur Diablo premier du nom, en anglais seulement sur mon premier ordinateur, un Olivetti Pentium 120Mhz. C’était tout ce que je pouvais demander à un jeu, c’était sombre, un peu gore, et avec une base de Role Play simpliste suffisante pour me rendre heureux, trois classes basiques mais efficaces. Je descendais les paliers de l’enfer en cliquant comme un furieux sur des squelettes et démons de pixels. C’était un très bon jeu même si je devais parfois sortir le gros dictionnaire d’anglais pour comprendre une quête et que la résolution était hideuse(je vous parle de 640×480 là quand même…)
Début 2000, je sombre dans la suite et son extension. De nombreuse parties en réseau local avec un pote, puis en ligne quelques années plus tard, pour user jusqu’à la corde toutes les classes dans toutes les difficultés en recréant un personnage depuis le départ juste pour avoir l’arbre de talent idéal, au point de talent près. Toutes les classes étaient intéressantes à exploiter et riche en possibilités. Des nuits à marchander des items sur un canal hanté de no-life ou à tuer en boucle le même boss en espérant qu’il drop enfin l’item que l’on cherche pour compléter l’équipement qu’on a soigneusement mis au point après de longues études sur des forums et de simulateurs. Des orgies d’assassinat de vaches armées jusqu’aux dents pour grimper les niveaux plus vite et avec l’expérience et l’habitude, créer un personnage lvl 85 (sur 99 possibles), en une seule journée… Ce jeu je l’ai ruiné, parcouru dans tous les sens dans toute ses possibilités et pourtant il était pas bien beau non plus… J’ai fini par m’en lasser bien sûr. Mais après un sacré moment.
Et puis pour ceux qui l’ignoraient encore, hier est sorti le 3ème opus, un messie attendu depuis près de 11 ans. Alors je ne pouvais pas passer à côté vous comprenez. Je guettais le mail de confirmation de livraison, et le soir je pestais contre les serveurs qui étaient incapables de supporter l’assaut massif de fans(des millions) voulant leur dose après une si longue attente. Quand enfin j’ai eu le sésame ouvert sur battlenet(non je n’ai pas joui) j’étais comme un gamin. Le jeu a fait un bond visuel contenu(c’est beau mais on a vu mieux) pour permettre, comme à l’habitude de Blizzard, au plus grand nombre de jouer sans avoir une machine de guerre. Le gameplay est toujours aussi basique(c’est un Hack&Slash en même temps…) et les capacités revues au plus simple aussi. Plus d’arbre de talent, plus de point de stat à distribuer non plus, l’expérience de WoW est passé par là, puisqu’ils ont même recyclé des aptitudes du MMORPG. Ça fait un peu mal au coeur mais d’un autre côté j’ai passé l’age de fouiller les forums anglais pour savoir si je dois ajouter une rune Jah ou Ber sur mon set du Roi Immortel. Le jeu a surtout le mérite de garder une recette éprouvée(pas de grosse évolutions finalement) en facilitant les aspects gonflants des versions précédentes (retour en ville sans scroll de portail, identification des objets aussi). Les sensations sont là comme au premier jour, les coups lourds du barbare donnent un impression de puissance, les flèches volent à une cadence de mitraillette, les effets de magie sont stylisés et bien foutus. J’ai donc honoré dignement ce prophète en jouant 6 heures d’affilées avec mon partenaire d’autrefois sur Diablo 2, repeignant l’écran d’explosion de flèches et de gerbes de sang de mort-vivants, me couchant à 3h30 du matin pour me lever à 6h30. Avec du café et de la volonté la journée se passe bien. Je le ferai pas tous les jours non plus. Mais ce jeu vaut le coups.