Délire nocturne

    Pendant que l’orbite se vidait doucement  par la corrosion des flammes laissant couler l’œil comme de la cire à bougie, Caïn se réjouissait du spectacle, un sourire fantôme aux lèvres. Le crâne de son ami d’autrefois se consumant dans l’essence, il jubilait dans un stoïcisme admirable. Ca avait été plus facile qu’il ne l’aurait crut. Pas de le tuer, ce qu’il avait fait avec un naturel et un détachement inquiétant même pour lui, mais de décapiter le corps. Il avait décidé de le faire rapidement, en réalité Franck n’était pas tout à fait mort quand il avait commencé à découper la gorge. Peu lui importait d’ailleurs, en réalité c’était un service qu’il lui avait rendu en abrégeant son râle. Le « Décalé » comme l’appelaient ses collègues contemplait les langues de feu en oubliant le combustible. La fascination était visible dans son regard comme s’il était hypnotisé par les courbes d’une femme. Il restait là accroupit dans la lumière ondulante comme un scout écoutant les histoires de son chef prêt du feu de camp.
    L’odeur de chaire brûlée finit par le ramener à la réalité effaçant du même coup le regard perdu. Il se releva avec lenteur et prenant deux pas d’élan, envoya d’un coup de pied le reste de son trophée contre le mur. Le ballon de fortune s’éteignit alors affichant un visage cauchemardesque à son créateur. Caïn tourna les talons et se dirigeant vers la sortie de la maison détruite, se mit à fredonner un « The Roof Is On Fire » d’un pas traînant. Avec un peu de chance la police ne trouverait pas le corps et son complément avant une semaine. Le bois était peu fréquenté en cette saison et la demeure abandonnée entretenait la réputation d’être hantée. Dans le meilleur des cas la faune locale se chargerait d’estomper sa présence. S’arrêtant sur le pas de la porte arrachée, il alluma une cigarette – il ne fumait pas en temps normal mais depuis quelques jours, plus grand-chose n’allait normalement avec ses habitudes – puis regardant la pleine lune lui sourire, il expira longuement la fumée. Il reparti à travers les fougères en pensant aux deux autres personnes qu’il devait voir. La nuit débutait à peine mais elle débutait bien…

Je sais, ça ne fait pas trés conte de noël, mais on ne choisit pas. Peut-être que le manque de sommeil me rend dingue mais je ne le crois pas. Mon noyel s’est trés bien passé, assez ordinairement. Je ne vous souhaite rien c’est trop tard et je n’y attache que peu d’importance. Alors je vous souhaite juste une bonne journée. C’est déjà pas mal, vous plaignez pas.