Ouep, ça faisait longtemps que je n’étais pas passé par là, que j’avais plus ou moins mis entre parenthèses certaines choses et même certaines personnes. Mais faut croire que tout fini toujours par vous rattraper. Y’a des retours de flammes plus durs que d’autres. Un effet boomerang pas forcément attendu.
« J’ai sur le bout de la langue
Ton prénom presque effacé… »
Du non-dit, du caché, du dur à dire, du impossible à exprimer, du silence, beaucoup de silence. Du temps devenu élastique, tantôt trop long tantôt trop court. Certains moments sont infinis, ils perdurent sans jamais s’arrêter dans une dimension parallèle où jamais ils ne prennent fin. La balle tourne encore dans le vide et ne touchera jamais la tête, la plume tombe mais n’atteindra jamais le sol, les regards sont plongés l’un dans l’autre mais personne ne détournera les yeux. Et puis la réalité vous frappe comme une vague que l’on a pas vu venir. Une bonne claque. Le temps n’est pas suspendu, le monde continu de tourner sans vous, les choses évoluent, les personnes aussi. Certaines vous oublient, certaine vous haïssent aussi.
On peut essayer de la manière que l’on veut il n’y a pas de solutions miracles. Rien n’est simple, et les choses ont une fâcheuse tendance à se compliquer d’elles mêmes. Y’a des otages plus ou moins volontaires. Y’a des histoires qui s’entremêlent. Y’a des coïncidences, des hasards. Y’a un bordel monstre qui semble naturel qu’on s’acharne pourtant à essayer d’organiser. Je suis là devant mon autel personnel de sacrifice verbal et les mots coulent avec autant de facilité qu’avant, rien pour enrailler la salve, pas de barrage aux flots. En fait je me suis trompé, rien ne change, en tout cas pas dans le fond. On ne change que d’apparences, de costumes, de masques, de visages. J’ai donnée, on m’a rendu, j’ai fuis on m’a rattrapé, j’ai éloigné, on m’a appelé, j’ai cicatrisé, on a rouvert, j’ai oublié on m’a rappelé. Aujourd’hui on m’appelle dans plusieurs directions.
Je n’ai jamais su faire de choix définitif. Passif jusqu’au bout…
Je voudrais avoir le temps. De tout. De Vous. De Nous. D’Eux. Des Ailes.
Accordez-moi le temps.
Mais je reste au bord de ma route.