Il y a trois mois tombaient les résultats de mon examen et donc la possibilité de travailler à nouveau. Le patron chez qui j’avais fait mon stage m’avait laissé entendre que je pourrai travailler pour lui ensuite, quand j’aurais mon autorisation d’enseigner, formalité administrative qui prend de quelques jours à quelques semaines à obtenir. On devait en reparler à son retour de vacances, vers le 20 août. J’ai donc pu passer des vacances l’esprit tranquille. À son retour de vacances pas de nouvelle, je fini donc par passer le voir pour qu’on avance un peu et il commence à me dire que le comptable doit faire le bilan pour savoir s’il peut ou non me prendre.
Sentant la chose traîner et mes droits de chômage finissant début septembre je me lance une journée à faire le tour des auto-écoles du coin. J’en ai fait onze dans l’après midi, la plupart ne cherchait plus ou pas, pour d’autres le patron était en vacances. J’ai tout de même eu une ouverture chez « Permis-Pas-Cher » avec un entretien à la clef. Le soucis, c’est que le poste était en alternance sur deux agences, dans un quartier très limite, pour un salaire minimum.
Il faut comprendre que sur le CV « permis pas cher » équivaut à bosser chez Lidl quand on aspire trading en bourse. La réputation de travail baclé et d’usine fait fuir les prochains employeurs qui ne voudront pas de quelqu’un formé chez eux. Mais bon il fallait bien que je travaille.
Le matin précédant mon entretien chez eux, une autre auto-école m’appelle, la dernière que j’avais faite dont la patronne était en vacances. Je connaissais de réputation, plutôt bonne, j’avais même tenté d’y faire mon stage mais je m’y étais pris un jour trop tard à l’époque. Elle me propose un entretien juste après l’autre, que j’accepte. Les deux entretiens ne laissent pas place au doute, début septembre je passe trois jours à l’arrière pendant les cours pour observer les parcours et les méthodes de la deuxième école. Quand je préviens le mec de permis pas cher que je n’irai pas chez lui celui-ci me répond sèchement que « de toute façon j’avais trouvé quelqu’un d’autre… »
Cela fait donc trois semaines que j’ai signé un CDI de 35 heures à 11€ de l’heure avec des tickets restau, et une mutuelle début janvier. Mais si j’avais signé pour l’argent je serai pas devenu moniteur. Si je n’ai pas hésité c’est parce que je suis très, très bien tombé. L’auto école à des voitures neuves, des mini pc pour chaque moniteur pour gérer les dossiers des élèves, le suivi des leçons et les emplois du temps. Un moniteur est dédié à l’encadrement pédagogique pour l’harmonisation de la formation et des méthodes, et cerise sur le gâteau sur laquelle je ne comptais pas: j’ai mon samedi et même mon mardi de libre. En compensation j’ai deux journées de travail 8h-20h avec une heure de pose.
Si je devais faire un bilan de ces trois semaines et bien… je m’éclate. Je suis vraiment content de partir bosser, mes élèves ne sont pas tous faciles mais les journées passent vite. La fatigue est beaucoup plus importante que je pouvais l’imaginer, je rentre souvent crevé. On parle beaucoup, on répète, on ré-explique, on est parfois deux heures complètes sur le qui-vive à surveiller si on ne va pas taper un trottoir ou le camion d’en face. La partie que j’aime le moins, c’est le tout début de formation, on a pas une seconde de repos, la voiture risque très cher, le temps passe très vite et on a l’impression d’avoir une montagne de travail devant soit. Ce sont des heures épuisantes, après je suis beaucoup plus dans mon élément. J’évite de me faire tuer environ une fois par jour, en reprenant le volant sur une insertion sur voie rapide ou en freinant avant que l’on ne coupe la route à une voiture qui déboule trop vite dans un rond point.
J’ai pu passer une matiné avec un inspecteur super sympa qui m’a expliqué en long et en large comment il voyait l’examen et les critères d’évaluation.
Sinon je commence à bien m’en sortir au niveau de la gestion des parcours et du temps, je peux faire faire une quinzaine de rond-point à un élève en une heure et rentrer à temps.
L’auto-école fait aussi la formule accélérée qui consiste à deux heures par jour de conduite et c’est que du bonheur pour moi. La fréquence élevé fait que ce qu’on a appris la veille est encore frais et le créneau de deux heures permet d’une part de travaille plus de chose et d’autre part d’aller plus loin pour voir d’autre coin que ceux où on tourne habituellement.
Il y a aussi une grosse dimension sociale à ce métier, au bout d’une heure les gens vous parle, on sait pourquoi ils ont besoin du permis, si c’est parce que le mari à perdu son permis, ou parce que les parents poussent, ou encore pour se faire embaucher par le patron chez qui on fait son apprentissage. La pression est souvent très forte pour ceux qui le passe.
Un soir par semaine j’assure aussi une correction de code devant une vingtaine d’élève, j’aime beaucoup moins parler en public mais ça fait partie du métier.
La semaine prochaine le coordinateur doit passer une journée derrière moi pour juger de mes méthodes et j’avoue que je flippe un peu mais pour le moment les élèves donnent plutôt de bon retour. Reste à voir l’avis du professionnel pour me confirmer tout ça.
Stay tuned !
Au fil de mes lectures sur ton blog (que j’ai lu en deux semaines àl’époque quand même!), il m’a semblé que tu étais de la région lilloise. Est ce que je me trompe? Si c’est le cas, j’aurais quelques petites questions pour toi, tu pourrais bien m’aider… (bon j’ai conscience que ce message aurait plus eu sa place dans un mail qu’en commentaire, mais je ne l’ai pas trouvé..)