Coffee and Cigarettes

   Sur le balcon, assis sur une chaise en métal d’un rose délavé, j’inhale des volutes d’arsenic et de dioxyde de carbone. Sur la table de jardin trempée par la pluie fume un café trop chaud. Devant moi s’étendent des toits de tuiles et des murs de brique rouges. Le gros de l’averse est passé mais il pleut toujours. Sur le parking fermé qui s’étend un étage plus bas, les rares voitures semblent toutes neuves, inlassablement lavées par les cieux. Il faisait un soleil radieux quelques minutes plus tôt et pourtant le ciel gris a recouvert tout l’horizon. Je dépose maladroitement des cendres directement dans la tasse encore pleine, que je boirai quand même. Il m’en faut plus pour jeter un café. La lourdeur du soir est assagie par l’air humide et sur ce carré de ciment que je considère comme miens, je suis bien. Je pense à ce billet, au fait que j’ai envie d’écrire, aux conseils que monsieur S. King me prodigue pour réussir à écrire. Je repense à une des plus vieilles anecdotes que me raconte ma mère sur moi-même.
Quand j’étais gamin, en maternelle, on m’a demandé de dessiner sur mon ardoise, à la craie, ce que je voudrai faire plus tard. J’ai dessiné un bonhomme avec un gant de boxe dans une main et un stylo dans l’autre. Je voulais être écrivain-boxeur. Ce fût ajouté à mon dossier et ça a bien fait rire ma mère.
Aujourd’hui j’ai passé avec brio(avec qui ?) les premières épreuves pour intégrer mon centre de formation pour devenir moniteur auto-école. Motivation, code de la route, français, résumé de texte. Vendredi, je suis convoqué pour la deuxième partie. Examen de conduite et entretien individuel. À la suite de quoi, si je réussi, il faudra encore que j’attende de savoir s’il y a une place pour moi. Une douzaine de postes pour quatre-vingt candidats. Même une fois dans la formation, rien n’est aquis il faudra encore réussir les deux  parties de l’examen pour obtenir le sésame. J’ai la douloureuse impression que tout n’est fait que d’attente interminable.
Cela fait trois semaines que je suis à Lille, un peu plus d’un mois que je suis au chômage et mon temps s’étire. Les choses avancent petit à petit. Je me sens chez moi même si je ne connais pas assez la région à mon goût. Tout cela viendra avec le temps. Une seule chose me fait peur, que cette longue procédure se solde une fois de plus par un retour de flamme en pleine face. Je n’ai pas envie de recommencer une troisième fois à me battre contre le système pour avoir le droit de faire ce que je veux dans la vie.
On verra bien.

1 commentaire

  1. Cool,j’avais besoin d’une motivation pour passer mon permis.Y a plus qu’à me bouger jusqu’à Lille pour apprendre,fastoche.
    J’ai un immense respect pour ton ambition de passer de longues heures avec des inconnus stressés avec qui tu vas devoir discuter et qui risquent de t’envoyer dans le mur à tout moment.
    Bonne intégration à Lille,je suis persuadée que c’est une ville fantastique sans jamais y être allée,c’est pour dire!