Dehors les clebs passent leur temps à aboyer. La proximité avec le reste du bestiaire n’a jamais fait bon ménage. La lune n’est pas pleine, pourtant elle éclaire comme un lampadaire géant le terrain vague, avec cette teinte ferreuse-sanguine des soirs d’octobre. Dans la caravane modèle « California Deluxe » l’intérieur se fait vétuste. La plupart des ampoules ne s’allument que grâce à un coup de poing et d’une lueur asthmatique. Face au miroir, les lèvres peintes en rouge vif et du noir autours des yeux le maquillage coule. Pas de musique. Pas de télé, en tout cas pas en état de capter quelque chose. Malgré l’hémorragie lacrymale ses dents dessinent un sourire à son reflet. Un peu ternie par le révolver qu’elle serrent de toute leur force. Celui-ci ne sort pas de petit drapeau, il ne tire pas non plus à blanc. Il n’y a qu’un balle dans le barillet. Un vieux jeu pour un vieux visage. Il tire le chien. Sourit de plus belle et appuie.
Ce ne sera pas pour ce soir. L’Auguste jette le bourreau capricieux sur le lit déglingué qui lui tourne le dos.
Demain, il tentera encore…
… sa chance.
J’aime ce texte. Il a quelque chose de fatalement glauque, la description est poignante.