Nighthawks 1942 par Edward Hopper
Des oiseaux de nuit, des couche-tard. Au centre un homme de dos, ça pourrait être moi. Finalement il n’est pas là, regardez bien. En plein centre et pourtant invisible.
Des boucles comme la chevelure de la Méduse s’étirent, sur son radeau les songes s’attisent, un mirage, une mascarade. Un chapeau sous le lampadaire, sous le chapeau un homme sans visage. Un point d’interrogation l’étrangle lentement. La sentinelle s’effondre et son couvre-chef roule jusqu’aux pieds de la femme de porcelaine. Son pied heurte le chapeau et se fêle. La fissure remonte derrière sa cuisse, s’arrête un instant au bas de son dos pour prendre racine puis reprendre sa course briseuse jusqu’à la nuque. Nouvelle toile sur le coup. Maintenant son corps entier est craquelé. Un morceau de fragilité tombe de son dos. Mais elle restera debout. L’homme toujours au sol passe dans l’obscurité en même temps que l’ampoule du lampadaire explose. La pluie commence à tomber. Sous une cloche de verre un rose blanche s’étiole. L’eau du ciel lave et efface les traits de crayon de la femme morcelée. Sa face vide se tourne vers le ciel et un sourire naît au coin de ses lèvres. Elle se baisse, ramasse le chapeau et le met. La lune, pleine, comme un projecteur accompagnera sa nuit dans les rues pavées de pluie. Les lampadaires mourront l’un après l’autre après son passage. Peu importe, ici la nuit est infinie et la lune brille éternellement. La rose continue de mourir à petit feu mais peu importe elle survivra jusqu’à l’aube. Si le soleil se montre un jour.
Comment savais-tu pour CE tableau.
Comment pouvais-tu savoir.
Ce tableau-ci. Oui, celui-ci.
Comment, bon sang, comment pouvais tu savoir.
Comment…